Une première Journée de l’AFL en région
L’AFL, la banque des collectivités, a innové cette année en conviant les collectivités de la région Occitanie à Toulouse le 9 novembre dernier, pour une journée consacrée à la question de l’eau. Près de 80 participants se sont ainsi retrouvés à l’Hôtel de Région.
Pourquoi l’Occitanie ? « Près de 120 collectivités sont membres de l’AFL en région Occitanie. Cela montre que les valeurs portées par cette banque sont largement partagées dans la région », rappelle dans son discours inaugural Stéphane Bérard, Vice-Président aux finances de la Région, et son représentant au Conseil d’administration de l’AFL.
« La banque des collectivités a vocation à proposer à l’ensemble du monde local des financements, mais aussi une expertise au plus près du terrain. C’est parce que les conséquences du changement climatique se font chaque jour plus visibles sur nos territoires que l’AFL a réuni les collectivités, ainsi que leurs différents interlocuteurs dans les politiques de l’eau », confirme Sacha Briand, adjoint au maire de Toulouse et Vice-Président du Conseil d’administration de l’AFL.
" Les maires ont répondu présent, cela montre assez que la Journée répondait à une vraie demande de leur part."
Sacha Briand, président du Conseil d'administration de l'AFL
Face à la crise de l’eau : de nombreux interlocuteurs pour les collectivités
L’esprit de la journée a consisté à réunir des experts de la question de l’eau issus de différents horizons. Jean-Michel Soubeyroux, Directeur scientifique adjoint à Météo France, insiste sur le caractère incontestable du changement climatique à l’œuvre et sur ses conséquences pour les territoires occitans : des épisodes extrêmes plus fréquents, des épisodes de sécheresse trois fois plus longs qu’il y a soixante ans. Il conclut en rappelant que « l’Occitanie fait preuve de résilience, mais cette dernière n’est pas infinie. »
La table ronde qui suit réunit différents acteurs régionaux des politiques de l’eau qui insistent sur leur complémentarité : Laurent Carrié, Préfet du Gers, coordonnateur du sous-bassin Neste et rivières de Gascogne précise sa compétence pour prendre des mesures de restriction générale ou spécialisée, tandis que Régis Ingouf, responsable du service Eau, Milieux aquatiques et Risques à la Région Occitanie, rappelle que si les départements et syndicats sont les principaux acteurs en matière de prévention, la région peut aussi apporter des financements, notamment après que la survenue de catastrophes. IL souligne aussi l’importance d’une analyse fine a posteriori des risques courus : « On sait aujourd’hui qu’en termes financiers, la sécheresse coûte plus cher qu’une inondation ». Régis Pellegrino, du Syndicat Mixte d’Eau et Assainissement Réseau 31, apporte un éclairage concret sur les priorités et les modalités d’action. Il rappelle ainsi le choix assumé de pratiquer un tarif unique de l’eau, et le dialogue permanent avec les agriculteurs et les communes pour la gestion des ressources lacustres.
Le directeur général de l’Agence de l’eau Adour-Garonne, Guillaume Choisy, rappelle enfin que dans un contexte de diminution de l’eau utile, l’atténuation des prélèvements est la première priorité de l’Agence, le maintien de sa qualité la deuxième. Lou Lamure-Guigard, responsable des partenariats à l’AFL, conclut en rappelant la parution pour le printemps prochain d’une étude en partenariat avec l’INET consacrée au financement des politiques de l’eau.
Les collectivités d’Occitanie : une bonne santé financière en trompe-l’œil ?
Pour mener à bien les investissements nécessaires, les collectivités d’Occitanie sont-elles armées financièrement ? L’après-midi commence avec une présentation du Baromètre de la santé financière des collectivités de la région. Depuis quelques années, la situation financière d’ensemble du monde local occitan s’améliore, fruit du dynamisme économique et démographique. Mais cette amélioration s’accomplit au prix d’une hétérogénéité croissante entre les territoires, et entre les types de collectivités.
C’est bien cette diversité des situations que les élus mettent en avant dans la discussion qui suit : Camille Pouponneau, maire de Pibrac, souligne la baisse de l’épargne des petites villes, qui n’ont toujours pas retrouvé leur niveau d’investissement pré-covid et parle de situation en « trompe l’œil ». Prolongeant l’analyse, Jean-Marc Vayssouze-Faure, président de l’AMF46, revient sur la perte d’autonomie fiscale du monde local, et sur la grande variété des territoires. Philippe Ribot, Président de l’AMF du Gard et maire de Saint-Privat des Vieux esquisse des pistes de solution en évoquant « La mutualisation qui peut apporter des choses, au cas par cas, sur la base du volontariat car chaque territoire connaît ses enjeux ». « On a besoin de sur-mesure, conclut Jean-Marc Vayssouze-Faure, on a besoin d’une agence prête à financer nos projets, bref, de l’AFL. »