Les investissements publics locaux actuels : un niveau élevé mais une ampleur à relativiser ?

L’Observatoire des Finances et de la Gestion publique Locales (OFGL) poursuit son travail d’analyse et de documentation de l’investissement public local. Dans un contexte d’efforts budgétaires à consentir pour être au rendez-vous de la décarbonation mais également de polémiques sur les déficits publics et l’éventuelle contribution des collectivités locales à ceux-ci, l’OFGL publie une étude éclairante sur la réalité de l’investissement public local.

L’étude « Cap sur l’ampleur des investissements locaux actuels » d’octobre 2024 explore l’ampleur des investissements publics locaux récents dans le contexte des exigences de la trajectoire bas carbone en France. Elle mesure l’évolution des investissements réalisés par les collectivités locales en comparant les données actuelles à celles de cinq cycles antérieurs, de 1995 à 2025. Ce suivi couvre les administrations publiques locales (APUL) et intègre les projections de croissance des investissements jusqu’en 2025.

Le mandat actuel : un cycle électoral dynamique

Les investissements publics locaux atteignent un niveau record en euros courants dans le cycle actuel (2020-2025). Les APUL devraient cumuler 382 milliards d’euros d’investissements d’ici la fin du cycle, dépassant ainsi les niveaux précédents.

La dynamique d’investissement du cycle 2020-2025 surpasse celle de 2014-2019. Les APUL pourraient connaître une hausse de 15%, représentant 50 milliards d’euros supplémentaires par rapport au cycle précédent. Néanmoins, cette projection dépend de plusieurs incertitudes, notamment la capacité d’autofinancement des collectivités, soumise actuellement à de fortes pressions. Mais, selon l’OFGL, même en cas de ralentissement en 2025, les APUL devraient rester au-dessus des niveaux de 2014-2019 (+14 %).

 

Ce record est cependant relatif. En tenant compte de l’inflation et de la hausse démographique (+15% de population sur 30 ans), l’augmentation des investissements est moins nette.

Un dynamisme à relativiser :

  • Le poids des ODAL et des opérations exceptionnelles : Les Organismes Divers d’Administration Locale (ODAL) tels qu’Île-de-France Mobilités, la Société des Grands Projets (SGP) mais aussi les SDIS jouent un rôle majeur dans cette augmentation. Au cours des dix dernières années, les ODAL ont doublé leur poids dans les investissements publics locaux. Sans les ODAL, les investissements actuels des communes, groupements, départements et régions sont inférieurs à ceux des cycles de 2001 et 2008.

 

  • Les dépenses d’investissement sont inégalement réparties : Plus de la moitié des territoires intercommunaux investissent davantage qu’en 2014-2017, mais environ 46 % restent en dessous des niveaux de la période précédente. Cette variation tient aux capacités budgétaires et aux besoins spécifiques de chaque territoire, ce qui génère une dynamique d’investissement locale contrastée.

 

Aussi, les collectivités locales, malgré un contexte économique difficile, ont repris une trajectoire d’investissement dynamique. Cependant, le cycle 2020-2025 reste en deçà des cycles de 2001 et 2008, une situation qui interroge sur leur capacité à faire face aux défis climatiques actuels.

 

👉 Pour consulter l’étude, cliquez ici.

💬 Un décryptage de Yann Doyen, Directeur des engagements de l’AFL.