L’AFL a réuni plus de 140 de ses membres, partenaires et contreparties ce jeudi 15 juin à l’Espace du Centenaire (Paris 12e), pour la sixième édition de sa Journée animée par Jean Dumonteil, et consacrée à une thématique d’une actualité brûlante : Éviter l’ingérable et gérer l’inévitable : les collectivités ont-elles les moyens de conduire la transition écologique qui s’impose ?
Cette année, après une allocution de Marie Ducamin, maire de Saint-Jacques-de-la-Lande et nouvelle présidente du Conseil d’administration de l’AFL, c’est le premier Président de la Cour des Comptes, Pierre Moscovici, qui a introduit la journée. Pierre Moscovici était en effet ministre des Finances au moment du vote de la loi de régulation et de séparation des activités bancaires du 26 juillet 2013.
Chaque collectivité membre dispose des mêmes conditions d’accès au crédit quelle que soit sa taille ou l’étendue de son besoin de financement.
Pierre Moscovici, Premier Président de la Cour des Comptes.
La première table ronde a porté sur une thématique financière : « La France et les collectivités locales françaises sont-elles encore attractives pour les investisseurs ? » autour de Thiébaut Julin étaient réunis Philippe Gudin, chef économiste chez Barclays, et Eila Kreivi, Directrice du pôle finance durable à la Banque européenne d’investissement. En dépit de freins réels à l’attractivité du pays pour les investisseurs, la France garde un avantage en tant que pilier de la zone euro, et du fait de la compétence de l’Agence France Trésor à lever la dette. Le consensus se fait aussi sur la dimension incontournable des collectivités pour la transition et pour les investissements qu’elle requiert.
La deuxième partie de la matinée a abordé la question des investissements pour la transition écologique dans les collectivités. D’abord par une intervention en vidéo du ministre de la Transition écologique Christophe Béchu, qui rappelle que l’AFL, agence du pouvoir d’agir du monde local, est aussi un lieu de dialogue entre le monde de la finance et celui des collectivités. C’est ensuite François Thomazeau, chef de projet senior à I4CE, qui scande à travers plusieurs chiffres les enjeux de la transition écologique : 1,5 comme l’accroissement de la température mondiale, 12, comme les investissements à consentir dans les collectivités chaque année d’ici 2030 pour atteindre la neutralité.
La matinée se conclut par une deuxième table ronde consacrée à la rénovation énergétique des bâtiments des collectivités, et aux moyens de la financer. Théo Gal et François le Béhot, élèves ingénieur en chef territorial et administrateur territorial, présentent les enjeux de l’étude qu’ils ont co-réalisée sur le sujet : réussir à accomplir en huit ans le même effort de réduction des émissions que celui fait durant les trente-deux dernières années. L’étude se présente comme un guide opérationnel à destination des collectivités.
Pour poursuivre la discussion, deux élus ont réagi à cette présentation. Audrey Linkenheld, vice-présidente de la Métropole de Lille, souligne l’enjeu de l’ingénierie : non pas l’argent, mais bien la capacité d’aller le chercher pour financer les rénovations. Michel Maya, maire de Tramayes en Saône-et-Loire, présente les différents investissements de rénovation mis en œuvre dans sa commune, les principes qui ont présidé à leur réalisation, et l’importance des échanges entre acteurs, par exemple via des réseaux comme le réseau TEPOS.
« Notre municipalité est la seule municipalité de France de plus de 1000 habitants qui soit effectivement à énergie positive : on produit plus d’énergie renouvelable que ce que la municipalité ne consomme. » Michel MAYA, Maire de Tramayes (71)
🎤 #JAFL2023
L’après-midi a commencé par un contrepoint sous forme de carte blanche allouée à Michel Lepetit, vice-président du Shift Project. Deux grands thèmes ressortent de son intervention, en forme d’avertissements : la dépendance énergétique de l’Europe qui pose la question d’un observatoire de la consommation fossile des collectivités, et sur la démesure des risques à couvrir pour les compagnies d’assurance dans un monde confronté aux conséquences du changement climatique.
Le dernier temps fort de la journée, comme l’année précédente, a été la révélation du Baromètre AFL 2023 de la santé financière des collectivités. Yann Doyen, Directeur des engagements de l’AFL, présente les grands enseignements présents dans ce Baromètre : une note moyenne en légère amélioration, mais des disparités entre types et au sein des types de collectivités qui s’accroissent, dans une année au cours de laquelle l’inflation a été le facteur économique dominant.
Les témoignages des élus présents permettent d’éclairer ce panorama global de l’expérience du terrain. Plusieurs, à commencer par Bertrand Hauchecorne, maire de Mareau-aux-Prés, signalent l’incertitude dans laquelle se trouvent les exécutifs locaux en matière de visibilité. Marie Ducamin, vice-présidente de Rennes Métropole et présidente du Conseil d’administration de l’AFL,
abonde en ce sens en signalant la grande variété des situations et l’inconnue de la participation des collectivités au rééquilibrage budgétaire. Romain Colas, maire de Boussy-Saint-Antoine, confirme ces constats en rappelant que la bonne gestion des collectivités n’est pas nécessairement le reflet de la confiance des élus en l’avenir. L’incertitude est également un paramètre relevé par Katell Parent, Directrice générale des Finances de la Région Grand Est, en particulier sur le sujet des recette fiscales, dans la mesure où la fiscalité carbonée est une part non négligeable des recettes régionales. Enfin Thomas Rougier, Secrétaire général de l’OFGL, décentre le regard en insistant sur le caractère inédit, depuis près de quatre décennies, du niveau d’inflation rencontré : 80 % de l’augmentation des dépenses d’équipement des collectivités est liée à un effet-prix en 2022.
« Nous sommes confrontés aux mêmes problématiques qu’au niveau mondial, amplifiées parce que nous sommes sur une île perdue au milieu du Pacifique. Nous subissons de plein fouet l’augmentation des températures, l’augmentation du niveau de la mer, et la transition écologique est un sujet majeur de nos politiques publiques, sur lequel nous sommes en train de travailler. » Lionnel BRINON, Premier adjoint au maire de La Foa en Nouvelle-Calédonie (988)
🎤 #JAFL2023