Caroline Barrière est vice-présidente de Strasbourg Eurométropole.
Pour quelles raisons votre collectivité a-t-elle adhéré à l’Agence France Locale et quels sont les avantages à terme que vous souhaitez retirer de cette adhésion ?
L’idée de mutualisation des sources de financement est une idée à laquelle la Communauté urbaine de Strasbourg a depuis longtemps été sensible. Elle a participé dès 2004 au premier emprunt obligataire groupé initié par l’ACUF et a continué à le faire avec chacun des prêts groupés qui se sont succédé.
Cette mutualisation entre collectivités qui conduit aussi à une diversification des sources de financement est une des motivations de l’adhésion de l’Eurométropole. Mais cette idée ne vient pas sans l’espoir de bénéficier des conditions de financement performantes dues à l’effet volume. La Communauté urbaine, ayant procédé pendant 2 ans (depuis juillet 2013) à des émissions sur le marché obligataire, a pu mesurer le difficile équilibre entre le taux obtenu sur les marchés et les volumes nécessaires pour amoindrir les coûts fixes inhérents à de telles émissions.
Enfin, si l’Eurométropole souhaite emprunter auprès de l’Agence, c’est pour avoir à payer un juste prix, en adéquation avec les conditions de marché. Certes, le taux inclura les coûts de structure de l’Agence mais cette marge sera communiquée en toute transparence.
Quelle était selon vous la nécessité de la création d’une telle agence en France ?
La création d’une telle agence en France est nécessaire pour éviter que le « crédit crunch » suite à la crise des liquidités de 2008 ne se reproduise. L’Agence assurera la sécurité d’une partie de nos financements.
Si la Communauté urbaine a toujours réussi à emprunter les volumes de prêts dont elle avait besoin, les banques ont considérablement augmenté leurs coûts sur la période 2009-2013. Elles ont répercuté seulement récemment la baisse de leurs marges alors que les liquidités des marchés redevenaient excédentaires et que les taux d’intérêt diminuaient fortement, préférant ainsi reconstituer leur bilan et leur marge de manœuvre plutôt que de réajuster les prix aux conditions de marché.
De plus, l’Agence devient un acteur de plus sur le marché du financement des collectivités, ce qui contribuera à une plus forte concurrence et donc à une pression à la baisse des coûts.
L’adhésion à l’Agence France Locale véhicule un message fort d’autonomie financière, de responsabilité et d’indépendance vis-à-vis d’un pouvoir centralisé. Y a-t-il eu ou est-il prévu une communication auprès des habitants de la collectivité les informant de cette prise de position ?
La délibération prise le 28 novembre 2014 relative à l’adhésion à l’Agence a été l’occasion d’expliquer le fonctionnement de l’Agence et les motivations de la collectivité à cette adhésion. Le sujet a été évoqué en conférence de presse avant le Conseil de Communauté et un article dans les Dernières Nouvelles d’Alsace, 1er quotidien régional lu à Strasbourg, a été publié et a relayé ces informations auprès des Strasbourgeois.
Le 1er emprunt mobilisé via l’Agence pourra également, le cas échéant, être l’occasion de communiquer sur ce nouvel acteur du financement des collectivités.